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Auroville épisode 2 : urbanisme façon DisneyLinde ?

Ville idéale, structure concentrique traversée d’une main road, géode iconique… Il existe bien des similitudes entre le new urbanism à la Disney et le schéma directeur d’Auroville. Notre cité indienne ne serait-elle qu’un parc d’attraction ?

Géodes

Walt Disney visait plus grand que le petit écran. Et il n’avait guère d’affection pour Los Angeles, son gigantisme et ses autoroutes urbaines. Nostalgique de la small town à l’américaine, il veut créer une ville idéale, à côté de la mégapole californienne. Ce sera Disneyland au milieu des années 1950.

En Floride, une décennie plus tard, Walt Disney abandonne la nostalgie de la petite ville pour se lancer dans un projet de ville expérimentale : EPCOT, Experimental Prototype Community of Tomorrow. Comme le signale Virginie Picon-Lefebvre, il « se positionne alors comme le concepteur d’un nouveau modèle d’organisation urbaine, fondé sur un transport en commun ultra rapide qui doit relier le centre d’affaires aux quartiers périphériques » Mais il meurt juste avant la signature en 1967 d’une convention avec l’Etat de Floride qui donne à la compagnie une autonomie totale pour planifier le terrain de 10 000 hectares. L’idée d’une ville futuriste accueillant 20 000 habitants sera finalement abandonnée par le frère de Walt, Roy Disney.

Au Tamil Nadu en Inde du Sud, c’est à la même époque, en 1968, que « La Mère » rédige la charte d’Auroville, City of dawn, qui « veut être le pont entre le passé et l’avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s’élancer vers les réalisations futures. » La fondatrice désigne le cœur de la ville : un banyan, arbre majestueux, à côté duquel sera édifié le Matrimandir, monument géodésique et centre spirituel de la cité.

SchemasVilles

Plaisirs urbains

Le schéma directeur d’Auroville peut rappeler les enclaves à la Disney : une structure concentrique traversée d’une voie de circulation principale et des « communautés » – petits îlots d’habitations – qui pourraient ressembler aux « lands », les différents pays qui entourent le château de la Belle au bois dormant. Les parcs Disney, souligne Charlotte Rugierri dans la revue Urbanités, privilégient « la planification architecturale [qui] rend la morphologie urbaine cohérente et compréhensible » et recréent « un espace qui offre des plaisirs urbains qui n’existent presque plus à Los Angeles : la flânerie, la marche à pied, la déambulation. »

Même constat pour Auroville, pensée selon un schéma directeur qui rend l’espace public marchable et respirable (il existe même de nombreuses pistes cyclables) où infrastructures et création de logements se synchronisent. Une démarche presque inédite en Inde où les villes souffrent de prolifération anarchique, de réseaux d’assainissement déficients et de thrombose automobile.

Parc ou ZAC ?

La cité se lance aujourd’hui dans une phase de planification urbaine qui vise la densification en privilégiant l’habitat collectif au logement individuel. Dans le hall de la mairie, on peut consulter la maquette du projet d’aménagement d’un nouveau quartier résidentiel « The Gateway ». De grands panneaux permettent de comprendre les enjeux du projet. Le quartier est destiné à accueillir jusqu’à 2500 habitants, en 5 phases de 500 logements chacune. L’habitat prévoit 25 % de surfaces mutualisées et les immeubles sont conçus autour d’une place et d’un amphithéâtre. Crèche, jardin d’enfants, terrains de sport, commerces, restaurants accompagnent la création de jardins propices à la méditation. On est finalement beaucoup plus proche de la ZAC que du parc d’attraction.

Pour l’épisode 3 consacré aux éco-matériaux, cliquez donc ici 😉