Auroville smart city indienne ׀ Episode 1
C’est la nouvelle année et c’est cadeau : une visite d’Auroville en Inde du Sud. Gentille utopie de babas soixante-huitards un peu paumés ou véritable cité pionnière et smart City inspirante ?
Schéma directeur et planification urbaine, gestion de l’eau, énergies renouvelables, mobilités, système économique local, éco-construction et matériaux bio-sourcés… Text Symbol vous raconte Auroville en plusieurs épisodes.
(Nous pourrions aussi vous parler de la philosophie universaliste du lieu, du Matrimandir centre de méditation reconnaissable à sa coupole dorée ou encore de yoga intégral, mais ce n’est pas tout à fait le propos du feuilleton que nous entamons aujourd’hui 😉
Auroville est avant tout un lieu d’expérimentation urbaine, une utopie en action. La ville, prévue pour 50 000 habitants, en compte seulement 2 700 cinquante ans après sa fondation même si elle accueille 700 000 visiteurs chaque année. Elle n’a cependant pas renoncé à son objectif de densité et entame une phase nouvelle de développement. La zone résidentielle se développe et un projet destiné à accueillir 500 nouveaux habitants est en construction. Même la fibre optique est en train d’être déployée. On partait pourtant de loin, et de rien.
Un désert et quelques huttes
Au moment de sa fondation, il y a tout juste 50 ans, le site n’était pourtant qu’un plateau désertique de terre rouge balayée par les vents. Seuls quelques huluberlus européens avaient choisi d’y fonder The city of dawn, la ville d’une ère nouvelle. La plupart étaient des Européens, dont beaucoup de Français qui avaient taillé la route en passant par la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan. Ils reniaient la société de consommation et partaient en quête d’un sens nouveau, enfants de Jack Kerouak mais surtout de « Mère », une française, compagne de Sri Aurobindo qui dirigeait l’Ashram de Pondichéry. Ils vivaient dans des huttes et les Tamouls des villages alentour les considéraient au mieux comme de doux dingues.
Deux millions d’arbres plantés plus tard, la métamorphose est saisissante : le désert est devenu une forêt luxuriante où se nichent de petits hameaux et, de plus en plus, des ensembles d’habitat collectifs. L’eau potable est accessible à tous les habitants d’Auroville mais aussi dans les villages alentour. Un véritable luxe au Tamil Nadu et une économie précieuse de bouteilles plastique. Le maraichage (bio évidemment) s’est développé et l’artisanat (textile, poterie, ébénisterie) est l’un des plus prisé du Sud de l’Inde
Un bassin de vie
Si Auroville a connu des décennies de stagnation démographique pour ce qui concerne les résidents intramuros, au total 40 000 personnes des localités environnantes profitent de ses aménités et de son activité économique. Une ville moyenne à l’échelle française, une goutte d’eau à l’échelle indienne mais l’on peut vraiment parler d’externalités positives. Des centres de santé (médecins et dentistes) soignent gratuitement, écoles et jardins d’enfants accueillent les enfants gratuitement quand ils sont Aurovilliens et à prix modiques pour les autres.
Les Aurovilliens admettent eux-mêmes volontiers que la ville n’a pas su se développer suffisamment pour jouer un rôle d’entrainement significatif. Mais elle est indéniablement un terrain d’expérimentation original qui, depuis un demi-siècle, explore les moyens de co-construire un cadre de vie responsable, durable et inclusif. C’est ce drôle de laboratoire urbain que nous vous proposons d’explorer au cours des prochains épisodes.
Namaste et suivez le guide … L’épisode 2 c’est par ici